Et maintenant, qu'est-ce qu'on fait ?

Rédigé le 18 novembre 2015

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Paris, le 13 novembre, une série d’attentats secoue la capitale française. Le bilan actuel fait état de 129 morts et de 415 blessés dont 42 en état d’urgence absolue. Tout laisse à penser que les commanditaires de cet acte ignoble sont les dirigeants de Daesh. BePax tente d'apporter ici sa contribution à la réflexion.

La première réaction qu’on peut avoir face à des attentats de cette ampleur est l’incompréhension. Comment peut-on en arriver là ? Vient ensuite l’idée que les terroristes et leurs commanditaires sont fous, qu’ils représentent le mal absolu. Or, les dirigeant de Daesh sont bien loin d’être fous. Bien au contraire, ils sont extrêmement sensés. Ce sont des chefs de guerre avisés qui, contre toute attente, ont réussi à conquérir un territoire gigantesque à cheval sur la Syrie et l’Irak et semblent en mesure de l’administrer.

Pourquoi iraient-ils organiser des attentats à des milliers de kilomètres de chez eux, à Paris ? Deux réponses sont possibles. La première serait que les dirigeants de Daesh tentent de faire pression sur la France pour que celle-ci stoppe ses attaques aériennes contre ses bases. C’est une réponse qui se tient, en tout cas dans une perspective de court terme – même si la réalité de la réponse n’a pas été celle-là mais au contraire l’intensification des frappes françaises. La seconde réponse possible, qui implique l’idée d’une stratégie de long terme, serait de dire que l’Etat islamique cherche à susciter la confrontation entre les Français de confession musulmane et les autres. Il veut le chaos, le grand chaos final, celui du choc des civilisations.

Des attentats comme celui de Paris provoquent inévitablement la recherche de boucs émissaires. Il est si facile de faire l’amalgame entre ceux qui tuent au nom de l’Islam et tous les musulmans. C’est ce qu’a fait ce jeune homme du Brabant wallon qui, au lendemain des attentats de Paris, s’est saisi d’une arme, heureusement factice, pour aller, selon ses dires, tuer des Arabes à Molenbeek. Dans une moindre mesure, c’est ce qu’ont fait aussi nombre de citoyens, de journalistes et de politiciens qui incriminé leurs voisins musulmans. C’est le piège que nous tend Daesh et qu’il faut absolument éviter.

Cependant, éviter les amalgames ne doit pas nous exonérer de prendre nos responsabilités. Reconnaissons-le, nous avons abandonné les jeunes de Molenbeek, de Schaerbeek, Saint-Josse et de tous ces quartiers à travers la Belgique où s’entasse une population précarisée et soumise au racisme et aux discriminations. Nous nous devons de réinvestir massivement ces quartiers. Nous avons besoin de voir les pouvoirs publics soutenir les organisations associatives issues de ce terreau belgo-musulman mais aussi issues des autres minorités ethno-culturelles. Nous avons besoin de maisons de jeunes, nous avons besoin d’organisations de jeunesse, d’associations d’éducation permanente dans lesquelles ces populations puissent se reconnaître, dans lesquelles elles puissent s’investir. Cet investissement est le prix à payer pour donner une visibilité à la pratique de l’Islam en phase avec la société dans laquelle nous vivons.

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