Guerre, mémoires et réconciliation: quelles voies ?

Rédigé le 26 janvier 2015 par : Marie Peltier

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Il existe aujourd'hui un risque majeur : penser que la violence est à jamais derrière nous, que nous n’avons plus à agir pour la paix. Considérer tout comme « acquis » peut en effet nous conduire à baisser notre vigilance, et à nous détourner de cet objectif.

Depuis ses origines, BePax s’est toujours défini comme un acteur de paix et de réconciliation. Après les terribles déchirures qui traversèrent l’Europe durant la première moitié du 20ème siècle, l’urgence était à la reconstruction d’espaces de dialogue, pour éviter de reproduire de nouveaux bains de sang, fomentés par le rejet et la haine de l’autre. S’il est bien question de conflits aujourd’hui terminés, le sens de notre action aujourd’hui est de continuer à approfondir cette dynamique de réconciliation, dans un contexte où de nombreux conflits perdurent à travers le monde. Car il est un risque majeur : penser que la violence est à jamais derrière nous, que nous n’avons plus à agir pour la paix. Considérer tout comme « acquis » peut en effet nous conduire à baisser notre vigilance, et à nous détourner de cet objectif.  Nourrir notre réflexion de différentes expériences de réconciliation et de mémoires post-conflits, s’en inspirer, c’est aussi conserver à l’esprit que la paix est toujours à construire, que c’est un travail, une dynamique, un mouvement, et non quelque chose de figé et de « bétonné » une fois pour toutes.

C’est ce à quoi nous nous attacherons dans ce numéro, en jetant un œil à la fois sur le passé et sur différentes pratiques mises en œuvre à travers le monde pour se reconstruire après la guerre et l’oppression. Nous reviendrons ainsi sur notre histoire, et celle de la réconciliation franco-allemande, qui augurera l’édification européenne. Nous nous replongerons aussi dans les racines historiques du mouvement « Pax Christi », initiative chrétienne de réconciliation et de paix au sortir de la deuxième guerre mondiale. Nous irons par ailleurs nous (re)plonger dans deux expériences plus récentes, aux termes de tensions dont les plaies ne sont pas encore totalement refermées : celles de la Bosnie et de l’Afrique du Sud, deux pays/régions où la mémoire de l’injustice continue à meurtrir les cœurs et les corps. Nous donnerons aussi la parole à Justice et Paix, qui vient de mettre au point un outil pédagogique permettant d’aborder ces questions avec des élèves du secondaire. Parler de paix et de réconciliation nécessite d’embraser la question de la mémoire et de la justice.  Nous savons en effet qu’on ne reconstruit rien sans prise en compte des blessures subies, de l’oppression qui a sévi et régné en maître. On ne devient pas frères et amis sans reconnaissance de la souffrance de l’autre, sans volonté de réparation et d’amendement. C’est sans doute cela qui relie les différentes expériences post-conflits : tenter de concilier volonté de dialogue et nécessité de justice. Car seule une prise en considération de toutes les mémoires permet de cheminer vers une paix durable, celle à laquelle nous aspirons, celle que nous continuons de vouloir défendre…   

Les articles de la revue

 Le portrait

Le travail de mémoire post-conflit : à enseigner !

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