Lutte antiraciste : Un pas en avant, deux pas en arrière ?

Rédigé le 8 septembre 2021

Blanchité Privilèges Féminisme

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Le Backlash, voilà le thème de ce numéro du « Signes des Temps ». Le terme est à l’origine issu de la lutte féministe et a été théorisé par Susan Faludi en 1991 pour qualifier la violence à laquelle les milieux féministes faisaient face. Plus une cause progresse, plus les réactions à celle-ci, de la part des adversaires politiques, se font violentes.

Lorsque nous avons commencé à imaginer ce numéro en équipe nous pensions surtout à l’extrême droitisation du discours politique en France et Flandre, nous ne savions pas encore que les mois de juin et juillet 2021 allaient à ce point s’accorder à notre thématique : le jugement pour discriminations à la STIB et la nomination d’Ihsane Haouach ont débouché sur une déferlante islamophobe qui pourra aisément servir d’illustration à ce numéro. Nous-mêmes à Bepax, qui jouissons pourtant d’une reconnaissance en éducation permanente et d’une certaine ancienneté dans le paysage associatif belge, nous n’avons pas été épargnés par les menaces et les tentatives d’intimidations suite au soutien public que nous avons manifesté à Ihsane Haouach. Or, ce retour de bâton n’est rien comparé à ceux que peuvent subir de nombreux militant·e·s qui n’ont pas les mêmes appuis institutionnels.  Cette violence, bien réelle, n’est pourtant pas perçue comme telle par ceux qui l’exercent et qui souvent font preuve d’un véritable aveuglement vis-à-vis de celle-ci.

Nous avons d’abord voulu replacer le phénomène, dans sa forme actuelle, depuis une perspective historique. En effet le  sous-titre de ce numéro, « deux pas en avant, deux pas en arrière » postulait que si la lutte antiraciste « recule » c’est paradoxalement aussi parce qu’elle « avance ». En quoi a-t-elle avancé ? En réaction à quoi le backlash s’inscrit-il ? C’est cette question que le premier article tentera d’aborder.

 Dans l’article principal rédigé, par Maguy Ikulu et Nicolas Rousseau, nous abordons le cœur du sujet et tentons de comprendre les mécanismes qui poussent les individus à des réactions si violentes. Ce phénomène se produit toujours quand une hégémonie vient à être questionnée. Ce sont alors des mécanismes très puissants de défense qui se mettent en place afin de conserver les privilèges de ceux qui en jouissent.

Etant donné que le concept du « backlash » provenait du féminisme, Yasmine Kadouri a voulu se pencher dans le dernier article sur les liens à faire entre backlash contre le féminisme et backlash contre l’antiracisme : des rhétoriques et mécanismes communs dont l’objectif unique est le maintien du pouvoir et le refoulement des voix minoritaires. Les liens et différences y seront abordés mais aussi la question de la réponse à apporter par les mouvements sociaux face à ce backlash.

On espère que la lecture de ce numéro sera éclairante dans la compréhension de la thématique. De notre côté nous ne voulons pas en rester là et préparons un cycle de conférences sur le même sujet afin de prolonger la réflexion. Plus de nouvelles à ce sujet très bientôt en ligne.

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