Migration : à quand une politique ?

Rédigé le 7 décembre 2015

Taille de police réduire police agrandir police

La crise migratoire connue cet été a durablement marqué les opinions publiques, du fait notamment de sa soudaineté, des images choc qui l’ont caractérisée, et de l’ampleur des fluctuations d’une opinion publique oscillant entre compassion et peur au gré des vents politiques et médiatiques.

Dans un monde où la souveraineté des États se voit de plus en plus battue en brèche, les frontières agissaient comme refuge symbolique. Leur porosité avérée constitue une blessure narcissique supplémentaire pour ceux qui, victimes de la mondialisation, ne peuvent que constater qu’on ne peut pas plus contrôler les flux de population que ceux des marchandises ou des capitaux.

Si aucun dispositif technique ne parviendra jamais à bâtir l’Europe forteresse désirée par d’aucuns, cela ne signifie pas pour autant que les politiques soient sans prise sur les facteurs des migrations actuelles et à venir. L’attentisme occidental dans la crise syrienne et la tiédeur des efforts entrepris en matière de lutte contre les bouleversements climatiques attestent que cette responsabilité est encore insuffisamment assumée.

Cette action résolue sur les causes plutôt que sur les conséquences suppose une audace et une créativité que ne favorisent pas la peur, le repli sur soi et les confusions entre, par exemple, immigration et terrorisme. Tenter de parvenir au difficile équilibre entre l’intérêt des réfugiés et des migrants, celui des pays européens et celui des pays d’origine requerra certainement la mise en discussion de certaines questions inédites, telles que l’ouverture des frontières. Ces questions difficiles ne pourront être traitées ni par le seul cynisme, ni par la bonne volonté, et encore moins par le mélange d’immobilisme, de fermeture et d’évitement qui ont marqué les politiques européennes en la matière depuis des années.

Ce défaut de prévoyance étatique ne s’est pas seulement laissé voir dans les grandes orientations stratégiques mais jusque dans les moindres détails logistiques de la gestion de la crise. Si on ne peut que saluer le dévouement et le sens de l’organisation des volontaires qui ont pris en charge l’accueil des réfugiés au sein du Parc Maximilien, ils sont aussi les symptômes d’une certaine déliquescence des politiques publiques.

C’est aussi à cette déliquescence qu’il faudra s’attaquer pour cesser d’être surpris par le prévisible.

Le dossier de la revue

Crise des réfugiés : le « shopping humanitaire »

Quel parcours d’accueil pour les nouveaux arrivants ?

« Did she look like a Gypsy ? »

Le portrait

Jesuite Refugee Service (JRS) à la rencontre des « inéloignables »

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies pour vous proposer des contenus et services adaptés.
Accepter